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Légumes Le haricot de Soissons renaît de sa cosse et rêve d'une appellation

VAUDESSON (Aisne), 6 oct 2004 (AFP) - Longtemps délaissé, le haricot de Soissons vit une deuxième jeunesse depuis quelques années et ses amoureux veulent désormais obtenir une indication géographique protégée (IGP), version européenne de l'appellation d'origine contrôlée (AOC).

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Au XIXe siècle, 900 tonnes de ce gros haricot, couleur ivoire, étaient produites chaque année. "C'était le roi des haricots, on le trouvait dans les grands restaurants parisiens", assure Bertrand Venet, chargé du dossier à la chambre d'agriculture de l'Aisne. Puis sa récolte a baissé : "C'était très fastidieux, parce qu'il doit être semé, récolté et trié à la main, alors certains se sont découragés", raconte-t-il. Oublié, le haricot de Soissons, surnommé affectueusement le "Jacquot" ? Pas pour tout le monde. "Sa notoriété est restée, c'est un des symboles de Soissons", affirme M. Venet. A tel point que, ces dernières années, les bacs à légumes des grandes surfaces ont vu apparaître des "haricots type Soissons", originaires de Pologne ou de Madagascar, dont plus de 100 tonnes se vendent par an. La Chambre d'agriculture a réagi en 2002. "On a organisé une réunion d'information auprès des agriculteurs, et on a été surpris du nombre de personnes intéressées", raconte M. Venet. Une trentaine de vignerons, maraîchers ou éleveurs semblaient en effet disposés à tenter cette culture sur quelques ares de leurs terrains. Camille Hoche, qui cultive 200 hectares de céréales à Saconin-et-Breuil, près de Soissons, se joint à l'aventure en consacrant 40 ares au haricot. Elle crée, surtout, en 2003 la coopérative du haricot de Soissons, installée à Vaudesson (Aisne).

Pour redonner vie au Jacquot, il a d'abord fallu retrouver les quelques nostalgiques qui cultivaient encore, dans leur jardin, le fameux haricot. "Ils nous ont donné de quoi semer et surtout, ils nous ont expliqué comment le cultiver et le récolter", se souvient Mme Hoche. Car le haricot de Soissons -dont une légende raconte qu'il fut apporté au XVIIIe siècle par un diplomate espagnol qui venait assister à une conférence de paix- est "grimpant", c'est-à-dire qu'il se cultive sur des filets. La première récolte, en octobre 2003, a souffert de la canicule. Pas de quoi décourager les producteurs, convaincus du bien-fondé du projet. "C'est une belle aventure, quand même", sourit M. Venet.

Cette année, cinq nouveaux producteurs ont rejoint la coopérative, forte d'une quarantaine d'adhérents. Les restaurateurs de la région redécouvrent la précieuse graine et inventent des recettes pour la mettre en valeur, tandis qu'une confrérie haute en couleurs a vu le jour. Prochaine étape : obtenir le Label Rouge, gage de qualité, et l'IGP, qui protégera la production de ses concurrents étrangers. Le dossier, déposé cette année, devrait aboutir en 2006. La coopérative a d'ailleurs cherché conseil auprès de ceux qui, il y a quelques années, ont redonné vie au sel de Guérande, ainsi qu'auprès des producteurs du haricot Tarbais, qui vient d'obtenir son IGP. La récolte a commencé fin septembre et doit durer un mois avec pour objectif une production de 10 à 20 tonnes destinées à la vente dans les grandes surfaces du nord de la France.


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